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La vie extraordinaire d’un homme ordinaire racontée en trois chapitres.
Merci Chuck !
Quand avez-vous lu pour la première fois Life of Chuck, la nouvelle de Stephen King, et qu’est-ce qui vous a donné envie de l’adapter à l’écran ?
J’ai lu cette nouvelle pour la première fois en avril 2020, peu avant sa publication. J’ai été complètement bouleversé par la force de cette histoire, son message, sa joie, sa complexité et sa structure, que j’ai trouvée fascinante. J’en ai pleuré tout au long de ma lecture. Honnêtement, je n’avais jamais rien lu de tel. J’ai aussitôt envoyé un mail à Stephen et je lui ai dit : « Si je pouvais m’atteler à cette histoire, ce serait le meilleur film de ma carrière. »
Ce film marque votre quatrième adaptation d’un roman de Stephen King. Lorsqu’il s’agit d’adapter l’œuvre d’un auteur aussi emblématique, quels sont les plus grands défis à relever ?
C’est toujours un défi pour moi à plusieurs niveaux, y compris un niveau très personnel car Stephen King est mon auteur préféré et mon héros littéraire. En tant que lecteur assidu et fan de King depuis toujours, j’ai vécu avec beaucoup d’émotions la découverte de tant de ses œuvres adaptées au cinéma, avec plus ou moins de réussite. Je suis donc également conscient du risque qu’il y a de décevoir les lecteurs. Je ressens l’immense responsabilité d’être à la hauteur de l’expérience que j’ai eue en lisant son œuvre, d’honorer mon héros et de faire un film dont il sera fier.
Bien que le film traite aussi de la fin de vie, il demeure résolument optimiste et lumineux. Pouvez-vous nous parler du ton général que vous avez si délicatement trouvé ?
L’une des grandes surprises que j’ai eue en lisant la nouvelle a été de constater à quel point le ton était lumineux et plein d’espoir. Il est rare, surtout venant d’un auteur célèbre pour ses récits horrifiques, de lire quelque chose d’aussi positif et joyeux. À bien des égards, il s’en détachait une véritable célébration de la joie et de l’art. Et je voulais protéger ce sentiment d’allégresse que j’ai eu à la lecture.
Je réagissais à cette histoire de fin du monde en ressentant des émotions qui, depuis la pandémie, sont certainement revenues au premier plan pour beaucoup d’entre nous. Le sentiment que le sol se dérobe sous nos pieds, que le chaos grandit. Tout cela était présent, mais sans désespoir ni cynisme. Il ne faut pas s’attarder sur les fins, mais célébrer les moments que nous vivons entre le début et la fin, comprendre comment nos vies s’assemblent et prennent un sens lorsque nous regardons en arrière. Ne pas craindre la fin des choses, qu’il s’agisse de la fin de la vie ou de la fin du monde. Il n’y a pas de différence. La fin d’un être humain dans l’histoire de King, c’est la fin d’un univers entier. Et il n’y a pas de quoi en avoir peur.
Le film et la nouvelle semblent vraiment subvertir les attentes sur ce que devrait être une histoire de Stephen King et un projet de Mike Flanagan. Parlez-nous de cela.
Si vous regardez l’œuvre de Stephen King, en particulier des titres comme Les Évadés et La Ligne verte, il a toujours fait preuve d’une approche incroyablement humaniste de la narration et a abordé de nombreux genres au-delà de l’horreur, même si c’est principalement pour cela qu’il est connu. Pour ma part, je n’ai évolué que dans le genre de l’horreur tout au long de ma carrière, mais ce que lui et moi avons en commun, c’est un amour profond pour le genre humain.
King a déclaré que ce qui le distingue de ses contemporains, c’est que l’horreur dans ses histoires ne peut exister sans amour et sans espoir. Il y a une beauté même dans ses romans les plus sombres. Il a toujours mis son cœur dans son travail, même si cela ne se traduit pas toujours de manière évidente à l’écran. Je ne peux penser à aucune autre de ses histoires dans laquelle cette joie, cette âme, cette gravité et cet humanisme sont autant mis en avant que dans Life of Chuck.
Parlez-nous de la décision de raconter l’histoire en trois parties, à rebours dans le temps.
L’une des choses que j’ai le plus aimées dans la nouvelle était la structure. Je l’ai trouvée inattendue et incroyablement poétique. L’histoire resterait la même si on la racontait de manière linéaire, mais l’impact et la signification en serait diminués. Je pense que c’est parce que nos vies ne prennent du sens que lorsqu’on regarde en arrière, dans la globalité. Stephen a adopté cette belle structure en trois actes, qui est celle que le cinéma utilise depuis ses débuts. Il était très important pour moi de préserver cette structure, qui se traduisait si bien dans le médium que je travaille. Il m’est apparu immédiatement que je pouvais reproduire exactement ce qu’il avait fait, et qu’il était possible par le médium cinéma, d’établir des liens visuels et thématiques entre ces trois chapitres d’une façon que la littérature ne permet pas.
Comment s’est déroulée la grande scène de danse de Tom Hiddleston ?
Cette séquence de danse avec Tom Hiddleston, Annalise Basso et Pocket Queen à la batterie, est la première que nous avons tournée. Et nous savions que nous commencions par l’une des séquences les plus importantes de tout le film. Mais ces quatre jours qu’il a fallu pour la filmer ont été incroyables. Je me souviens que le soir quand je rentrais à l’hôtel, mon visage me faisait mal d’avoir autant souri dans la journée en les regardant exécuter cette danse.
Nous avons continué à trouver les bons angles en regardant encore et encore cette chorégraphie de 5 minutes se dérouler, dans sa continuité. C’était tout aussi joyeux à voir au bout de quatre jours. Je n’avais jamais été impliqué dans une telle scène.
Bien sûr, nous avons rencontré tous les problèmes que l’on peut avoir lorsqu’on tourne en extérieur ce genre de séquence, à commencer par la météo changeante, mais tous ces maux de tête ont été éclipsés par le plaisir de donner vie à une telle chorégraphie. Quand je pense à ce film, c’est toujours cette image qui me viendra spontanément à l’esprit.
Qu’espérez-vous que le public retienne de Life of Chuck ?
J’espère que le public gardera en lui une part de cette joie inhérente à l’histoire ; que cela les aidera à appréhender et parfois surmonter le monde d’aujourd’hui, les enjeux de chacune de nos vies, et les encouragera à poser leur mallette pour se laisser aller à la danse. Cela peut prendre plusieurs autres formes, s’adonner à la peinture ou simplement être en famille, écrire, faire du sport, toutes ces différentes façons de laisser parler notre cœur. J’espère que c’est ce qu’ils retiendront.