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Mémoires d’un corps brûlant, c’est la conversation que je n’ai jamais eue avec mes grands-mères. C’est le cri collectif de femmes qui brisent les tabous et osent parler de leurs secrets les plus intimes.
Ana a l’âge où l’on peut enfin vivre pour soi. Après tant d’années passées sous le joug du père, du frère, du mari, elle vit sa vraie jeunesse, s’épanouissant dans une féminité enfin libérée. Elle nous transporte d’une époque à l’autre en évoquant les souvenirs d’une vie entre tabous, sentiment de culpabilité et désirs secrets.
Peux-tu me parler de tes intentions de départ avec ce nouveau long métrage ?
Je voulais établir un dialogue sur la sexualité féminine en abordant les différentes étapes de la vie d’une femme. Mon court métrage The Awakening of the Ants (2016) parlait de l’enfance et de la découverte de la sexualité. Dans une logique transmédia, j’ai ensuite invité différentes artistes à parler de ce que signifiait pour elles la sexualité. Les films ont leur vie propre et ainsi la forme que prend Mémoires d’un corps brûlant a beaucoup évolué, mais le concept initial du dialogue autour de la sexualité est toujours resté le même.
En faisant ce film, tu as senti que tu participais à un acte féministe et politique qui te dépassait ?
Le cinéma permet de poser une loupe sur des réalités sociales pour mieux les rendre visibles. Pour ce film, rencontrer les témoignages de ces femmes est sans aucun doute pour moi un acte politique. Ces femmes n’avaient jamais eu l’occasion de parler de leur sexualité, alors qu’elles avaient une nécessité brutale d’en parler. Finalement, le meilleur acte politique consiste à initier une conversation.
Comment le rôle des voix a été imaginé au sein de la construction du scénario et de la mise en scène ?
Les voix sont au total au nombre de huit pour former une unique histoire collective. J’ai retranscrit toutes les voix enregistrées et à partir de là j’ai pu commencer à construire le scénario. J’ai ainsi sélectionné peu à peu, tout en cherchant là où j’allais me diriger. Il me fallait donc construire un squelette de l’ensemble du récit à partir de ces voix.
Si le film est l’expression d’une sororité dans sa réalisation, en revanche le scénario présente un personnage central isolé qui ne peut pas compter sur la solidarité féminine.
L’histoire reste collective puisqu’elle est le fruit de plusieurs personnes qui parlent, même si la protagoniste reste seule enfermée dans sa maison. Ce procédé permet de rappeler la solitude qu’elle a subie toute sa vie. La maison représente l’imposition d’un espace domestique mais aussi un lieu où enfant, la femme avait des rêves : c’est donc aussi un espace d’imagination. Ainsi, les souvenirs vivent avec elle. Cette métaphore met en lumière le fait que tout vit dans le même corps. La maison est ainsi une extension de son corps mais aussi de son esprit. Elle peut aussi devenir labyrinthe dans sa mémoire, avec de nombreuses portes à ouvrir.
Réaliser un film en privilégiant les plans-séquence n’a-t-il pas été contraignant à tourner ?
J’aime beaucoup les plans-séquence parce que je pense que cela permet aux acteurs et actrices de donner plus d’eux et d’elles-mêmes. Le montage pourrait me permettre d’unifier des éléments disparates pour créer une empathie avec le public alors qu’un plan-séquence oblige à créer l’empathie par le jeu même de l’interprète. J’aime aussi l’idée du temps réel et ce procédé me permet ainsi davantage de « capturer le temps » sans le ralentir ou l’accélérer.
J’ai beaucoup aimé aussi, par le plan-séquence, montrer des mondes différents qui entrent dès lors en dialogue. Il a donc fallu trouver sur le tournage une chorégraphie précise, avec des entrées et sorties de champ, dans une dynamique proche du théâtre. Ce fut un véritable défi de réalisation, qui m’a beaucoup stimulée.
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