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Film
1943, l’Union Soviétique est sous occupation allemande.
Semetka, un paysan hongrois, est enrôlé comme sous-lieutenant dans une unité spéciale qui traque les groupes de partisans russes. En route vers un village isolé, sa compagnie tombe sur l’ennemi. Le commandant est tué, Semetka doit prendre la tête de l’unité… Va-t-il réussir à conserver son humanité ?
Comment est née l’idée du film ?
Avant de lire le roman Natural Light de Pàl Zàvada qui a inspiré le film, je m’intéressais depuis longtemps à l’histoire de l’armée d’occupation hongroise pendant la Seconde Guerre mondiale en Russie. La tâche principale des forces d’occupation était d’éliminer l’activité partisane soviétique. Dans des marécages et des
forêts d’une étendue infinie, les partisans qui connaissaient mieux les conditions locales, piégeaient régulièrement l’armée qui se vengeait sur la population civile en brûlant des villages entiers. La lutte contre les partisans s’est caractérisée dès le début par cette brutalité. J’ai toujours été très attiré par les histoires se déroulant dans la nature, dans un environnement méconnaissable et donc toujours menaçant. Un de mes livres préférés est Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad, dans lequel le protagoniste voyage de plus en plus dans l’inconnu en remontant le fleuve Congo. J’ai aussi pu lire les journaux intimes de plusieurs soldats aux archives militaires de Budapest. On y trouve la routine militaire interminable et ennuyeuse qui alterne, presque imperceptiblement, avec la brutalité de la guerre. Et quand j’ai convaincu d’écrire ce scénario.
Est-ce que cet épisode militaire est connu en Hongrie ?
Les activités des forces d’occupation hongroises sont restées dans l’ombre au cours des soixante-dix dernières années. C’est seulement depuis cinq ans que cet épisode a connu un certain intérêt avec plusieurs études historiques sur cette période. La plus importante est l’oeuvre de l’historien Krisztián Ungvary. Il y a des raisons qui expliquent ce silence. Après la Seconde Guerre mondiale, la Hongrie a conclu une alliance politique avec l’URSS et les dirigeants hongrois n’avaient aucun intérêt à dénoncer les atrocités de l’armée hongroise contre le peuple russe devenu le grand ami.
D’un autre côté, les soldats de retour, n’ont rien raconté non plus. Ils ne voulaient pas et ils n’osaient pas. Tous les soldats avaient emporté leurs histoires dans la tombe. Et les nouveaux dirigeants hongrois d’après-guerre n’avaient aucun intérêt à affronter le passé. Il était plus gratifiant et facile d’évoquer la participation hongroise à la guerre du côté des victimes, plutôt que de se confronter à la réalité. C’est encore vrai aujourd’hui.
Avez-vous apporté des changements au roman Natural Light de Pál Závada pour l’adapter au grand écran ?
Le roman fait six cents pages, et l’histoire couvre vingt ans de la vie des personnages principaux, du milieu des années 30 jusqu’au milieu des années 50. J’ai choisi de me concentrer sur 3 jours de 1943. On ne peut donc pas tout à fait parler d’une vraie adaptation. Mais si je n’utilise qu’une petite partie du livre, l’esprit du film est le même que celui du livre. Semetka, le personnage principal du film, est proche du Semetka du livre.
Dans quelle mesure pensez-vous que cette histoire résonne encore dans le monde d’aujourd’hui ?
Il me semble que porter une histoire à l’écran n’a de sens que si elle résonne dans le monde d’aujourd’hui.
L’essence même de ce récit se déroule partout, tout le temps. Il nous met face à une problématique, celle de voir les choses avec clarté.
L’histoire met en lumière notre échec qui consiste à constamment essayer de nous justifier.
Nous pensons savoir ce qui est bien ou mal, qui a réussi ou échoué. Nous pensons avoir un jugement éclairé sur les choses autour de nous. Le film veut montrer combien cette image est fragile.
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