Le fils de l’épicière, le maire, le village et le monde

Un film de : Claire Simon

Genre : Documentaire
Sortie en salle : 1 septembre 2021

Synopsis

C’est l’hiver dans le petit village de Lussas, en Ardèche, et les agriculteurs sont tout entier à la taille des vignes. Soutenu par le maire Jean-Paul Roux, son ancien camarade de classe Jean-Marie Barbe se lance dans une entreprise toute singulière :  la création d’une plateforme numérique par abonnement, dédiée aux documentaires d’auteur. C’est la naissance de Tënk, aux allures de start-up, tendance rurale. Aux côtés de Jean-Marie, l’équipe va-t-elle gagner le pari de cette entreprise économique ?

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Entretien avec le réalisateur Claire Simon

UN SCENARIO AU DEPART

C’était un scénario très clair et très simple : du virtuel au béton, de l’idée à la pierre. Et c’est la ligne que j’ai tenue, tout le temps. J’étais bouleversée par ce projet de monter une télévision à Lussas, 1100 habitants. Bouleversée par Jean-Marie Barbe qui se bat pour les autres, pour que le cinéma documentaire existe, qui vient à Paris trouver de l’argent. Mais je ne l’aurais pas fait s’il n’y avait pas le béton, aller du projet d’une plateforme sur Internet jusqu’au projet d’un bâtiment en dur, d’un coût de 3 millions d’euros. Et j’ai été impressionnée que ça marche, impressionnée par la puissance du béton. Moi-même, je l’ai éprouvée, me disant aussi que c’est le seul endroit au monde où cela existe : un bâtiment pour le documentaire.
En ce qui concerne le scénario, c’est proche de quelque chose que j’ai déjà vécu avec Coûte que coûte (1995), qui suivait les tribulations d’une petite entreprise de plats cuisinés : est-ce que ça va marcher ? La réponse est ici différente : ça marche parce que ça existe, parce qu’il y a le bâtiment. C’est une affaire de croyance, d’incarnation, qui est peut-être un des fondements du capitalisme.

FILMER UN VILLAGE

Pour un cinéaste, un village est une aubaine de microcosme, une merveille pour en faire un film mais un château-fort difficile à conquérir et à pénétrer profondément. Pour satisfaire ma curiosité, mon passeport a été le scénario économique. Comment parvient-on à faire ce qu’on aime et à en vivre qu’il s’agisse de fruits, de vin, de cinéma ? J’avais l’impression tout au long des 4 ans de ce tournage que les mêmes problèmes se posaient aux agriculteurs et aux diffuseurs, créateurs de documentaire. Et c’est cet intérêt qui m’a permis d’entamer le dialogue…. Car sinon, chacun sait bien qu’un village se ferme vite aux questions et au regard de l’étranger, on le trouve vite intrusif… Sauf…. Sauf si on parle de ce qui tient chacun debout du matin au soir. Est-ce qu’on s’en sort ? Est ce qu’on peut aujourd’hui gagner sa vie en faisant ce que l’on trouve beau et bien ?

LA CONSTRUCTION

C’est cet aspect économique qui construit le long métrage. Le film montre à travers ce que j’ai filmé comment l’économie décide de tout, et comment elle est la langue commune de ces deux activités qui semblent si différentes. Comment les vies des uns et des autres se parlent en chiffres et s’interrogent continuellement autour des mêmes questions : Est-ce qu’on va tenir ? Est-ce qu’on va avoir du succès ? Comment y arriver ? À quel prix ? Selon quels partis pris ?
Toutes ces interrogations, qui impliquent beaucoup d’engagement dans le travail, de
souffrance et de joie, créent des rapports de force qui s’expriment à voix haute. Certains
partent, se fâchent, d’autres pleurent. Parfois on danse !
Puis reviennent les questions :
Est-ce que la plateforme Tënk marche ? A-t-elle assez d’abonnés pour survivre ?
Est-ce qu’on va réussir à produire des films à Lussas et à en coproduire à l’étranger alors que la Région s’est totalement désengagée ? Ces questions font passer le spectateur d’une minute à l’autre dans l’inquiétude. Il a l’impression d’être devant des gens qui rêvent, peut-être même des imposteurs et puis finalement non, ils y arrivent et triomphent de l’adversité…
Puis hélas, de nouveau des mauvaises nouvelles arrivent, subventions retirées, pas assez
d’abonnés et donc pas d’argent, etc. Comment continuer ? C’est la question qui revient sans cesse.

LE BÂTIMENT

La réponse à ces inquiétudes, à ces doutes qui parfois ont raison de tout, la réponse qui a été trouvée à Lussas c’est le bâtiment. Le dur, le béton répond par son existence au doute permanent qui accompagne l’activité documentaire.
La violence du marché qui impose aux agriculteurs des prix trop bas, et le combat de chacun pour y faire face, la vente en direct et le bio, etc. ne tiennent pas longtemps devant un orage dévastateur. Le doute peut prendre à la gorge ceux qui sont restés à Lussas pour cultiver la terre ou qui y sont venus. « Il faut être fou dans notre monde pour être agriculteur » dit Patrice Bauthéac, un des jeunes agriculteurs du film.

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