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Après une vie bousculée par l’Histoire et transportée par la littérature, Sweltana Geier s’attelle depuis 1992 à la traduction des cinq œuvres de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski : Crime et Châtiment, L’Idiot, Les Démons, L’adolescent et Les Frères Karamazov.
Ces 5 éléphants l’accompagnent tout au long de ce récit qui dessine les traits de sa mémoire. Un voyage dans le texte et les mots qui nous apprend que la traduction doit atteindre au cœur de l’œuvre le souffle de son inspiration.
« Depuis plus de 60 ans, Svetlana Geier se penche sur les possibilités et les frontières de la traduction littéraire. Sa passion se porte particulièrement sur les disparitions, les zones limites dans lesquelles il n’y a pour les mots d’une langue aucune correspondance dans l’autre langue. Selon elle, c’est dans ces zones que l’on trouve les « moments érotiques de la traduction » ; c’est là qu’elle entre en terre inconnue, sur laquelle elle peut suivre de nouveaux chemins linguistiques en partant de sa profonde compréhension des cultures russe et allemande. Cet élan créateur, cet enthousiasme pour la recherche de nouvelles formes façonnent sa personne comme son travail et m’ont électrisé dès ma première rencontre avec elle.
J’ai commencé à m’intéresser de plus en plus au travail de Svetlana Geier comme traductrice des grands romans de Dostoïevski, à sa façon d’intérioriser et d’assimiler les textes, de manier le sens de la langue. Et à travers elle je faisais face de façon vivante aux questions de Dostoïevski sur la liberté et sur la relation entre la fin et les moyens.
« Qui suis-je ? » Cette question est le moteur intérieur de tous les personnages centraux dans l’oeuvre de Dostoïevski. Dans leur quête de réponse, les héros se heurtent à leur gouffre intérieur ou alors deviennent des assassins, puisque derrière le désastre se cache toujours la connaissance de soi, ou du moins un pas dans cette direction.
Svetlana Geier a été confrontée dans sa vie au stalinisme et au nazisme ; elle a laissé derrière elle sa patrie, l’Ukraine, pour finir par se retrouver elle-même, dans une tout autre partie de l’Europe. Durant le développement de ce projet, j’étais conscient que j’abordais une fois de plus le destin de réfugié et de migrant, avec une personne qui a dû trouver son propre chemin entre les obstacles de son époque. Un thème que je ne recherche pas explicitement dans mon travail, mais qui m’accompagne toujours et derrière lequel se cache aussi la question de ma propre identité : « Qui suis-je ? »
Et ainsi, cette question qui anime les personnages de Dostoïevski est aussi l’élément déterminant qui m’a fait découvrir cette femme, sa vie et son activité. »
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