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Pour séduire la jeune comédienne Louise, Jean décide de se lancer dans le tournage d’un film. Accompagné de ses muses Mia et Alma, d’un jazzman de renom Jimmy et d’un ami philosophe Guillaume lui-même affublé d’une neuro-scientifique retors, l’équipe compose au jour le jour le scénario du film.
Peu à peu, les sentiments prennent le pas sur leurs personnages. Comme si la sincérité avait besoin de la fiction pour se révéler ?
Comment vous est venue l’idée de ce projet ?
Au bord d’une piscine, à Los Angeles. L’actrice Paz de la Huerta m’avait embauché comme chauffeur, assistant, répétiteur pour son rôle dans « Songes d’une Nuit d’été » avec Ted Levine. Un moment, Paz m’a regardé droit dans les yeux : « You, you are sincere. I know that ! ». Elle était sérieuse. Je ne savais pas ce qu’elle voulait dire exactement. Mais c’est de là qu’est venue l’idée du film.
Pourquoi ces personnages de philosophe, pianiste, chanteuse, comédienne ?
Le personnage du philosophe remonte aux conférences de Charles Pépin, au MK2 Odéon, que je filmais depuis des années. Nous avions même sorti un coffret DVD ! Ses improvisations existentialistes me rappelaient les One Man Show de Alvy Singer dans « Annie Hall » ! Pour Jimmy le pianiste, cela vint de la participation de Jacky Terrasson à « Mae West », moyen métrage adapté d’un roman de Dan Fante. Je me demandais quels acteurs feraient Charles Pépin et Jacky Terrasson ? Pourraient-ils tenir tête à Joaquin Phoenix qui joue un philosophe alcoolique dans « L’homme irrationnel », ou Sean Penn un guitariste prodige dans « Accords et Désaccords », les films de Woody Allen ? Ma réponse a posteriori est oui, mais je ne sais pas si je suis objectif…
Vous évoquez souvent Woody Allen ! Est-il votre modèle ?
Je suis autodidacte. Woody Allen est devenu mon professeur particulier, recruté sans qu’il soit au courant !
Et à propos du scénario, y en a-t-il un ? Quelles places tiennent l’écriture, l’improvisation ?
Je ne peux pas répondre, à chacun d’y trouver ce qu’il cherche et de se faire son idée.
Il y a la question du film dans le film.
Dans « La Nuit Américaine », Truffaut raconte les difficultés de faire un film en se mettant en scène. Dans « La Sincérité », les difficultés ont surgi pour de vrai pendant le tournage, pour la plupart inattendues. Par exemple, chaque matin, je me réveillais avec de nouvelles piqûres de bestioles. On aurait dit une irruption cutanée de mon personnage suite à des désagréments amoureux ! Certains réalisateurs interdisent le maquillage. Dans notre cas, chacun était responsable de sa garde robe, de son image. L’absence de maquilleuse, en plus d’augmenter notre rapidité, permit d’oublier la caméra pour vivre nos personnages. Ceci dit, Jeanne Damas lançait sa propre marque, Rouje, et Isabel Marant nous prêta 13 pièces qui furent d’une immense aide. Le plus dur fût de les récupérer après le tournage !
Quelles difficultés avez-vous rencontré ?
La première fut de réunir notre équipe de New-York, Helsinki, Toulon, Paris, en plein été. Un peu comme dans une production internationale. Le premier soir, avant le coucher du soleil, nous arrivâmes tous fatigués. Mikaël Lubtchansky fit un essai caméra. C’est une des premières scènes du film…
Ce film repose sur un paradoxe, n’est-ce pas ?
Oui, ou comment perdre pied totalement sans le perdre vraiment ? Ce qui arrive à nos personnages relève de la fiction, mais permet d’atteindre une partie importante de nous-mêmes. Dans mon cas, défendre un personnage de réalisateur tombant fou amoureux d’une actrice m’intéressait profondément, sans que cela soit (hélas) la réalité. A certains moments, je perdis vraiment pied. Le pire est que j’étais parfois crédible ! Nombre de personnes seraient parties en courant, face à cette dose de danger nécessaire. Ici, les personnages se sont adaptés. Le film aurait pu s’appeler « La Fragilité ». De toute façon, une très belle étoile nous éclairait. Restait à en découvrir le sens. Alice Moine, la monteuse, fut notre seconde étoile…
Et Jeanne Damas ?
Lors d’essais, sa luminosité et son tempérament m’avaient émerveillé. Si je suis parvenu à jouer ce personnage de Jean, dingue de sa muse, c’est parce qu’elle m’inspirait confiance. C’est grâce à cette confiance générale que le film fut possible. Celle de Jeanne, Charles, Jacky, Manon, Charleyne, Annika, Mikaël, Corentin, Alice, Loïc, Rodney. En fait, le film aurait pu s’appeler aussi « La Confiance » !
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