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A 70 ans, Cloud Rock est un personnage hors norme. C’est un hippie de la première heure, un de ceux qui n’a jamais renoncé à son idéal : prendre des drogues, être libre, individualiste, connecté avec l’univers. Ses deux grandes passions sont la marijuana et le vélo. Kaleo a 35 ans. Kaleo est le fils de Cloud Rock. Il n’a vu son père que deux fois depuis l’âge de 3 ans. Un jour, Cloud Rock envoie une lettre à Kaleo et lui propose de faire une randonnée cycliste dans la région du volcan Mont Saint-Helens, entre Seattle et Portland. Un moyen de (re)nouer les liens entre père et fils. Une randonnée pour remonter le temps d’une époque, de l’épopée des mouvements hippies des années 60 et 70. Une manière forte de revenir sur des questions essentielles : la parentalité et ses responsabilités.
J’ai toujours voulu comprendre ce qui détermine une personne.
Comment à partir de nos forces et de nos faiblesses nous devenons des êtres singuliers, complexes dans une contradiction entre ce que nous sommes et qui nous souhaiterions être. Quel rôle joue l’environnement familial, social et culturel dans la construction d’un individu ?
En pensant à mon père, j’ai commencé à me demander si l’origine de son absence n’était uniquement le fait d’un contexte social et culturel dans lequel il baigne encore : l’idéalisme hippie qu’il continue de célébrer et les effets des drogues qu’il prend toujours. Etre père et être hippie devient alors incompatible car les deux se nourrissent de valeurs opposées.
Quand je préparais le film, j’ai tout de suite compris que l’authenticité de mon père serait liée à ce suprême désir de liberté. J’ai décidé de tenir moi-‐même la caméra pour être au plus près de lui.
Quand il me regardait, il regardait aussi la caméra et le spectateur. Et je souhaitais que le spectateur puisse être dans l’intimité de nos échanges.
Et ce n’est que pendant le tournage que j’ai compris la valeur universelle qu’aurait le film : un rapport père fils ambivalent où je devrais faire le deuil de l’amour filial classique que je désirais trouver. Qu’il fallait accepter mon père tel qu’il était pour dépasser la souffrance d’avoir été abandonné.
Dans le même temps cela m’a permis d’accéder à une autre histoire universelle, celle des mouvements hippies dont mon père était une « icône » et qui me permettait de revisiter une histoire commune, celle des mouvements hippies qui ont tenté de vivre l’utopie à la fin du XXème siècle.
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