Teret

Un film de : Ognjen Glavonić

Genre : Drame, Road movie
Sortie en salle : 13 mars 2019

Synopsis

1999, alors que la Serbie est bombardée par l’OTAN, Vlada travaille comme chauffeur de poids lourds. Dans son camion, il transporte un mystérieux chargement du Kosovo jusqu’à Belgrade et traverse un territoire marqué par la guerre.

Lorsque sa tâche sera terminée, il devra rentrer chez lui et vivre avec les conséquences de ses actes.

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Entretien avec le réalisateur Ognjen Glavonić

En restant centré sur un mystérieux chargement transporté à l’arrière d’un camion, Teret m’a fait penser au Salaire de la peur d’Henri-Georges Clouzot.

J’ai également beaucoup aimé le remake américain Sorcerer, réalisé par William Friedkin. Peut-être que cela m’a effectivement influencé, car dès que j’ai commencé à travailler sur le film, il y a presque 8 ans, les gens y faisaient toujours référence. Mais je ne voulais pas que le public sache ce que le personnage transporte dans son camion. Certains pensent qu’il transporte des armes, d’autres imaginent une connexion à de sombres trafics. Je voulais que les spectateurs se posent la question aussi longtemps que possible.

Même si on entend souvent des explosions en arrière-plan, Vlada, interprété par Leon Lučev, ne semble pas trop inquiet. Pourquoi est-il aussi indifférent ?

C’est basé sur ma propre mémoire. J’avais 14 ans lorsque les bombardements ont commencé et au bout d’une semaine, c’est devenu notre réalité quotidienne. La peur persiste jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’on ne peut rien y changer. Bien que le pays entier soit bombardé par l’OTAN, au Kosovo les forces de l’état serbe se battaient contre les séparatistes albanais et des civils se faisaient tuer en masse. Je voulais que le spectateur ressente cette guerre qui se déroule en arrière-plan et le danger qui peut surgir de toute part, à n’importe quel moment.

Pendant toute la durée du film, on quitte rarement l’intérieur du camion. Quelle en est la raison ?

A l’exception des intrigues parallèles, je ne voulais pas quitter le personnage de Vlada. La caméra n’est jamais à l’extérieur; mais toujours dans la cabine, avec lui. Le camion est comme un cocon qui le protège du reste du monde, mais en même temps, il se retrouve seul face à ses pensées. Il est difficile de comprendre ce qui se passe réellement lorsqu’on n’a pas de perspective extérieure. Je ne voulais pas faire un film d’action. Je ne voulais pas avoir des centaines de plans et d’angles de caméra différents, car il était plus important de passer du temps avec lui, dans le bruit du camion, pour voir ce qu’il voit et sentir ce qu’il ressent. Le film est défini par deux mots : isolation et occupation. Quand il sort de la cabine du camion, il entre dans un territoire occupé par la guerre : les bombes, les coups de feu, le bruit mais aussi la peur et la paranoïa qui se sont réveillées chez les gens. Voilà pourquoi Vlada retourne toujours au camion.

Son long voyage est ponctué par de courtes rencontres.

Je voulais montrer à quoi ressemblait mon pays à l’époque. Sans trop expliquer le contexte, donner des informations ou mettre en avant le côté dramatique. Je voulais montrer le cheminement intérieur métaphysique de mon personnage, mais également une société dans une période sombre de déclin. Ce devait être une histoire dans laquelle il finit par découvrir ce qu’il y a dans le camion, mais aussi quelques vérités sur lui-même en tant qu’être humain. Durant son voyage, il rencontre plusieurs personnages, mais j’étais particulièrement intéressé par les jeunes. Presque toutes les histoires secondaires concernent la jeune génération, et presque toujours sans obtenir un dénouement clair. Peut-être est-ce parce que j’étais moi aussi un adolescent à l’époque, et que j’avais l’impression qu’il n’y avait pas d’issue possible.

En montrant des bâtiments abandonnés ou des monuments oubliés de la Seconde Guerre mondiale, vous vous référez sans cesse au passé du pays. Pourquoi était-ce important pour vous ?

Parce que Teret porte principalement sur ce qu’une génération laisse à la suivante. Dans le film, j’évoque la génération précédente, ce qu’ils ont hérité de leurs parents, mais avant tout ce qu’ils nous ont laissé, à nous leurs enfants.

La génération de mes parents a été élevée avec des histoires de lutte antifasciste, j’avais donc besoin de ces références : les cartes postales, les vieilles photos et les monuments. Ils replongent Vlada dans son enfance, dans l’ancienne Yougoslavie, dans la mémoire de son père. Ma génération a hérité des histoires dont nos parents ne voulaient pas parler – des histoires qui n’ont jamais été racontées. Celles des ponts qu’ils ont brûlés, du sang qu’ils ont fait couler et de la responsabilité qu’ils n’ont pas voulu endosser. Je voulais donc peutêtre pouvoir dire que dans un futur proche, les jeunes pourront enfin parler des choses que leurs parents n’ont pas pu leur dire.

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Teret Film Cinema Dvd
Teret – DVD
22,00
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