Solo

Un film de : Artemio Benki

Genre : Documentaire
Sortie en salle : 30 juin 2021

Synopsis

Martín, pianiste virtuose et compositeur argentin, sort d’un séjour à l’hôpital psychiatrique. Absorbé par la création de sa prochaine oeuvre, il tente de faire face à sa maladie et de retrouver une vie en société. Avec la perspective, un jour peut-être, de jouer à nouveau devant un public.

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Entretien avec le réalisateur Artemio Benki

NOTE D’INTENTION DU RÉALISATEUR

Passé le portail d’entrée d’El Borda, un ficus étrangleur s’enroule autour du tronc d’un palmier, tel une métaphore de la folie.

L’hôpital psychiatrique du Borda est une petite ville en soi. Les rues y portent des noms de docteurs, les bâtiments ont des allures de squats, il y a une église, un terrain de foot. Je l’ai visité pour la première fois en décembre 2014. Je me souviens du lieu, des visages que j’y ai croisés. J’avais envie d’y revenir et cette sensation que j’avais une histoire à raconter là-bas.

L’expérience personnelle
Quand j’y suis revenu, j’ai rencontré Martín. Il était assis, concentré et passionné pianotant sur une petite table face à lui. Un souvenir d’enfance m’est revenu. Mes parents avaient testé la force de ma volonté en me promettant de m’acheter un piano si je jouais sur la table une heure par jour pendant trois mois. J’ai abandonné au bout de deux mois. Même à distance, il était visible que Martín n’était pas juste un patient comme les autres, mais bel et bien un pianiste confirmé. Pas loin de lui, d’autres patients l’observaient et écoutaient dans un silence respectueux cette curieuse sonate de « tap-tap » sur une table.
Curieux, je me suis approché. Martín a fini de jouer au bout de quelques minutes. Dans les yeux de ce petit public, une émotion forte, comme s’ils avaient pu entendre le morceau. J’ai demandé qui il était. On m’a répondu : « Martín, le maestro ». Je suis revenu quelques jours plus tard au Borda. Martín jouait du piano au centre culturel de l’hôpital. Il interprétait une pièce compliquée de Mozart avec agilité et émotion, sans difficulté apparente, au milieu de patients vaquant à leurs activités. Nous avons commencé à parler. Peu à peu, il s’est livré à moi, et m’a parlé de sa première composition, qui, d’une certaine manière,
l’avait conduit à cet internement, et puis de sa prochaine composition : Enfermaria. Dans ce lieu où les personnages sont « extra-ordinaires » dans les deux sens du terme, extrêmement cinématographiques, j’avais rencontré Martín, le personnage de Solo.

La frontière
Le récit de Solo se construit autour du personnage de Martín. Ce qui m’a intéressé dans sa trajectoire c’est le fait qu’il dessine tout en la traversant une frontière entre le dedans et le dehors de l’hôpital. Martín cherche à trouver sa place. C’est, en point d’orgue, dans le monde intermédiaire qu’il crée, entre « folie » et « normalité » que Martín dessine l’espace dans lequel il peut vivre. Car la problématique de Martín interroge cette frontière entre normalité et anormalité. L’hôpital du Borda est une société en soi. Une petite ville où l’extérieur est la normalité, dit-on. C’est un univers que j’ai approché par l’intermédiaire de Martín. J’ai observé et restitué ce lieu dans lequel s’organise une solidarité entre patients et entre patients et personnel. Nous sommes dans un vase clos. Un village d’Asterix au milieu des Romains. En creux, cela parle aussi de l’extérieur, presque comme par un miroir inversé. Lors de l’une de nos rencontres, alors que nous venions de plaisanter sur l’un des patients, assis pas loin de nous, accusé d’avoir tué sa mère, Martín a eu cette réflexion sur le Borda : « Ici, il peut y avoir de la violence, il peut y avoir des choses dures, mais il n’y a pas de sociopathes. Les sociopathes sont en dehors, car eux ne savent s’adapter et se cacher. » Alors que nous étions face à ce patient présumé assassin, cela pouvait sembler incongru ; mais non. La différence entre l’hôpital et l’extérieur est là, dans les sensibilités exacerbées des patients. Cette frontière et le passage de cette frontière sont des éléments clés de Solo. Ils sont partis prenantes de la vie et de l’évolution de Martín et ainsi parties obligées de la construction du film. Dans des mouvements de va et vient, ces deux mondes s’opposent, nous amenant forcément à nous interroger sur les notions de normalité.

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